Être la cible de ragots n’est jamais agréable. Ce bavardage sur notre vie privée par nos collègues, famille, amis peut nous empoisonner l’existence au point que lorsque l’on entre dans une pièce, on se mette à sous-peser le silence qui s’y installe ou à évaluer les regards que s’échangent ceux qui y sont présents. Viennent-ils d’en parler ? Qu’en pensent-ils ? Sont-ils de mon côté ? Cela leur fait-il vraiment plaisir de me savoir la cible de commentaires et sous-entendus ? Ou bien s’en moquent-ils ? Et d’ailleurs, pourquoi cela tombe-t-il sur moi ? Que dois-je faire pour stopper la machine à bavardage ?
Les sentiments de malaise, d’injustice, de violation de la vie privée, voire la paranoïa qui en découlent peuvent nous suivre longtemps et affecter notre travail, notre motivation, notre moral et même notre santé (dépression, burn-out, fatigue psychologique, etc.). Il n’est d’ailleurs pas étonnant que la rumeur instrumentalisée soit considérée comme l’un des facteurs participant au harcèlement moral, cette violence psychologique causée par toute attitude durable et répétée d’une ou de plusieurs personnes voulant intimider, dévaloriser ou isoler une autre dans le but de la déstabiliser.
Plutôt que de s’enliser dans des questionnement stériles et des ruminations, voici cinq questions cruciales à se poser lorsque l’on est la cible de ragots. Y répondre vous donnera déjà des pistes de compréhension et donc de solution :
- Qu’est-ce qui rend le ragot vraisemblable ?
Le ragot peut être vrai ! Hé oui, vos collaborateurs ou amis ont découvert un détail sur votre vie privée qui les interpelle au point d’en discuter longuement et passionnément.
Le ragot est faux mais quelque chose dans votre attitude, dans votre comportement, dans votre environnement ou dans vos paroles leur a permis de tirer des conclusions.
Des bouteilles vides dans votre bureau : vous y voyez quelque chose de décoratif ? Eux y perçoivent de l’alcoolisme. Des blagues graveleuses : vous pensez au second degré ? Elles donnent l’impression que vous êtes libertin. Un haut taille empire ou quelques kilos de trop, n’est-ce pas une grossesse qui s’annonce ?
Sans me prononcer sur la véracité ou la fausseté de l’affaire (le footballeur ne m’ayant pas encore contactée pour me donner sa version et je ne suis pas là pour étiqueter les personnalités), les rumeurs sur l’homosexualité de Cristiano Ronaldo reviennent en force cette semaine. Victime d’insultes homophobes de la part d’un joueur d’une équipe adverse, il aurait rétorqué : « Je lui ai dit: ‘Un pédé, oui, mais un pédé blindé, connard. »(sic). Alors humour ou coming-out ? Chacun l’interprétera à sa façon.
Savoir ce qui a pu provoquer le ragot pourra, si vous le souhaitez, vous aider à adapter votre comportement ou à clarifier la situation.
- Vous reproche-t-on quelque-chose d’illégal ?
Dans l’affirmative, même si la rumeur est fausse, vous risquez de devoir vous soumettre à une enquête (interne, policière, judiciaire, etc.), ce qui est perturbant. Rappelez-vous la rumeur sur Elodie Gossuin, accusée d’être transsexuelle lors de l’élection de Miss Univers. Le comité l’a menacée d’effectuer des examens médicaux.
De plus, dans le cas où les faits ou comportements reprochés sont considérés comme monstrueux aux yeux de votre entourage, vous risquez aussi de subir la vindicte populaire.
Pensez à ces deux frères d’origine irakienne qui ont été accusés de pédophilie sur les réseaux sociaux. L’un d’eux a été tabassé à Lyon, le jeudi 14 novembre. Or la police, qui a procédé à des vérifications, n’a pourtant trouvé aucun fait à leur reprocher, et n’a dû traiter aucune plainte à leur encontre.
Gardez donc toutes les informations, documents et preuves qui pourront vous aider à vous disculper et trouvez des témoins de moralité qui parleront en votre faveur.
- Est-ce que les diffuseurs des racontars sont malveillants à votre égard ?
Peut-être se questionnent-ils seulement, ou s’inquiètent-ils pour vous ? Dans ce cas, rassurez-les !
Peut-être êtes-vous juste un sujet de conversation momentané qui sera bien vite remplacé par un autre ! Il suffira alors d’attendre qu’une autre personne soit dans le viseur des bavards.
Si la malveillance est prouvée, n’hésitez pas à consulter un responsable ou un juriste dans votre entreprise, ou un avocat afin de voir si les propos entrent dans le cadre de la calomnie ou de la diffamation.
- Est-ce que la diffusion de ces ragots joue sur votre moral ou votre santé ?
Nous l’avons dit en introduction, les ragots peuvent impacter le moral et la santé. Si vous sentez que vous avez difficile à gérer la situation, demandez de l’aide et du soutien auprès de vos proches et de gens bienveillants et constructifs dans un premier temps. Ils vous rappelleront que vous êtes une personne qui ne se définit pas uniquement par ce qu’on raconte sur elle ; que vous êtes une personne aux multiples facettes qui regorge de qualités et qui vit également des situations positives.
Si ce soutien n’est pas suffisant, faites vous accompagner par un professionnel de santé qui vous aidera à surmonter cette mauvaise passe et pourra diagnostiquer et soigner des causes plus profondes de mal-être.
- Est-ce que la diffusion de ces ragots a des impacts sur votre carrière ?
Vous font-ils perdre des opportunités, des contrats, des clients, des partenaires ? Dans ce cas, clarifiez la situation avec votre hiérarchie, clients ou entourage professionnel. Démontrez-leur la fausseté de la situation et travaillez votre réputation hors et en ligne. Compensez les informations négatives par des informations positives et répondez à vos détracteurs s’ils vous accusent en public. Et puis n’oubliez pas que parfois même un bad buzz peut amener de la visibilité surtout lorsque la réponse surprend, amuse ou donne l’impression que la personne met tout en œuvre pour en tirer une leçon constructive !
Rappelez vous enfin que si chaque situation est unique, vous n’êtes pas le/la seul(e) à la vivre !
Aurore Van de Winkel
PS : Si vous, votre service ou votre organisation est la cible des rumeurs, n’hésitez pas à faire appel à mes services pour des conseils adaptés !
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